MAN Truck & Bus France a organisé le 1er février un événement pour échanger autour du thème clé de la décarbonation du transport routier avec les principaux acteurs de la filière.
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MAN Trucks a réuni 200 acteurs du transport et de la logistique afin d'explorer les enjeux de la décarbonation du transport routier. Après le lancement de sa gamme de poids lourds 100 % électriques, la journée a mis en évidence les défis, les soutiens gouvernementaux et les ambitions du secteur face à l'urgence écologique. Bien que la France tente de combler son retard, des obstacles demeurent. Cependant, les experts et les fournisseurs d'infrastructures ont souligné l'importance de repenser non seulement les véhicules, mais aussi les modèles d'usage et d'approvisionnement énergétique pour une transition réussie. L’effort doit être collectif.
Au début du mois, dans le prestigieux cadre du Pré-Catelan, au cœur du poumon vert de l'ouest parisien, MAN Trucks a rassemblé environ 200 transporteurs et chargeurs pour discuter de la décarbonation du transport routier de marchandises. Cette journée fait suite au lancement, en novembre dernier, de sa gamme de poids lourds 100 % électriques : les nouveaux MAN eTGX et MAN eTGS. En tant que leader européen des autobus électriques, MAN vise la neutralité carbone d'ici à 2050, avec une réduction de 28 % des émissions par véhicule d'ici à 2030. L'accent est mis sur la propulsion électrique à batteries, jugée plus mature que d'autres options, avec l'objectif ambitieux qu'un camion sur deux soit électrique d'ici à 2030.
Cependant, la France accuse encore un retard dans cette transition. Xavier-Yves Valère, chef de la mission fret et logistique au sein de la direction générale infrastructure Transports et Mobilités, a souligné le soutien financier du gouvernement pour amorcer le verdissement des flottes, avec une enveloppe de 130 millions d'euros. Cependant, cet appui est jugé modeste par l'écosystème du transport lourd, notamment compte tenu du budget global de 1,5 milliard d'euros alloué par l'État pour décarboner l'ensemble des transports routiers. La méthode d'attribution des fonds, par appels à projets, est également largement critiquée dans le secteur.
Marie Defrance, adjointe déléguée à la présidence de la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle, a présenté en détail le dispositif, mettant l'accent sur les gains environnementaux comme critère prépondérant. Elle a indiqué que 70 % de la note portait sur l'euro investi par tonne de CO2 évités. Le budget pourrait accompagner la vente de 2 000 camions électriques cette année. MAN espère bien profiter de la dotation. « La performance de nos camions électriques qui profitent des toutes dernières technologies est un avantage pour bénéficier des aides », commente Jean-Yves Kerbrat, directeur général de MAN Truck & Bus France.
Par ailleurs, Marie Defrance a rappelé l'avantage fiscal via le mécanisme de suramortissement qui peu représenter 10 % du prix du camion par une baisse de l'impôt sur les sociétés.
« Le moment est venu » pour Jean-Yves Kerbrat
Fabrice Bonnifet, ingénieur expert en développement durable, a souligné de manière convaincante et pragmatique l'urgence de décarboner le transport routier de marchandises. Il a rappelé la nécessité d'un changement de paradigme, allant au-delà de l'électrification des camions. Selon lui, il faut repenser la société, réduire les usages superflus, et interroger le contenu des camions. Il a insisté sur l'importance de la circularité, de la durabilité des produits et de l'optimisation de l'usage des camions pour contribuer à l'effort collectif. Selon l’expert, pour inverser le cours du réchauffement climatique il ne suffit pas de recycler, mais il faut désormais concevoir les choses pour qu'elles durent trois à quatre fois plus longtemps, avec la possibilité de réutiliser et de rénover.
Avec une durée de vie des batteries estimée entre 12 et 15 ans, les camions électriques sont appelés à moins s’user. Une bonne nouvelle donc qui fait dire à Jean-Yves Kerbrat que « si nos clients doivent garder leurs camions sur des durées de détention qui vont s’allonger, il faut aussi que les chargeurs prolongent leurs contrats avec leurs transporteurs. »
Les fournisseurs d'énergie mobilisés
De leur côté, les fournisseurs d'électricité et d'infrastructures de recharge ont souligné leur responsabilité dans le développement du transport décarboné. TotalEnergies et Izivia (groupe EDF) ont rappelé leur engagement financier important dans le déploiement de bornes de recharge en Europe d'ici à 2030 avec l’objectif d’atteindre les 50 000. Pierre de Firmas, directeur mobilité Électrique d'Enedis, a souligné qu'il n'y avait aucun obstacle technique à amener l'électricité là où elle est nécessaire, sans risquer la saturation de la fourniture d'électricité.
« Il faut penser son infrastructure de manière évolutive et anticiper les demandes de plusieurs mois, 9 dans le cas d’une borne de forte puissance », conseille Christelle Vives, directrice générale d’Izivia. La responsable a parallèlement rappelé le programme Advenir qui propose des aides pour l’implantation de bornes sur site alors que le prix d’une station pour charge rapide peut atteindre les 80 000 euros. Pour minimiser le coût de la recharge, la filiale Dreev d’Izivia propose une solution de recharge intelligente où la puissance se module en fonction des fluctuations de tarif. « De quoi gagner entre 30 à 50 % sur la facture », promet Christelle Vives.
Décarboner les flottes pour atteindre la neutralité carbone chez MAN
Le directeur de la technologie de MAN Trucks, Frederick Zohm, a insisté sur la nécessité d'accélérer la transition vers des véhicules zéro émission pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Bien que la marque explore la piste de l'hydrogène, avec une présérie de dix camions qui sera disponible à la commande dès avril, pour une mise à la route l'an prochain, il considère le camion à batterie comme la solution la plus vertueuse. Le directeur a également souligné la volonté du groupe de déployer 1 700 bornes en Europe d'ici à 2027 dans le cadre de la coentreprise Milence qui a investi dans le projet 500 millions d’euros. « Nous devons agir sur la flotte, pas uniquement au niveau de l’entreprise. 98 % des rejets de CO2 passent par les camions », a-t-il expliqué
D'ici à 2030, la moitié des nouveaux camions MAN livrés en Europe devraient être électriques. Selon le constructeur, avec un total de 700 commandes et demandes de devis, la majorité concerne la production à grande échelle qui débutera dans l'usine MAN de Munich en 2025. Les nouveaux MAN eTGX et MAN eTGS offrent une grande variabilité dans la configuration des batteries, permettant une adaptation au plus juste aux besoins spécifiques de chaque application en termes d'autonomie, de charge utile et de temps de recharge.
MAN est en mesure d'accompagner ses clients grâce à son service de conseil prenant en compte les conditions d'exploitation spécifiques. Des outils numériques tels que le MAN eReadyCheck et le MAN eManager facilitent le suivi des informations importantes concernant l'état de charge de la flotte de camions électriques. Des contrats de service, des solutions de financement et de location adaptées à l'électromobilité sont également proposés.
