Village Motos est implanté à Orvault, aux portes de Nantes, et rassemble une dizaine de marques ainsi que deux magasins d'équipements et une brasserie.
© A2Roo
Bertrand Macé dirige le groupe A2Roo, qui possède le premier village moto ayant vu le jour en France. Fondée par son père à Nantes, cette structure rassemble aujourd’hui plus d’une dizaine de marques et deux magasins d’équipements autour d’une brasserie. Cependant, le groupe a élargi son horizon au vélo, avec l’ouverture de deux points de vente à Nantes et Angers. Une extension naturelle pour un chef d’entreprise à l’écoute des évolutions du marché comme de la société.
Le Village Motos est inscrit dans le paysage nantais depuis 2001. Fondé par Jean-François Macé, père de l’actuel dirigeant Bertrand Macé, cet ensemble a été le premier village de ce type à sortir de terre. Un schéma qui a inspiré depuis plusieurs distributeurs de deux-roues dans toute la France, à l’image du groupe Suttel à Montpellier avec Motopark 34 ou du groupe Lempereur à Arras avec Moto Valley. Arrivé en 2003 pour quelques temps dans l’entreprise familiale, Bertrand Macé en devient le directeur général en 2007 avant de devenir actionnaire principal et président en 2012, à l’âge de 34 ans. Douze ans plus tard, le village est devenu le pôle principal du groupe A2Roo, qui s’étend actuellement au vélo avec l’ouverture de deux magasins à Nantes et Angers. Une diversification logique selon Bertrand Macé. « Les distributeurs automobiles arrivent dans la moto et les concessionnaires moto arrivent dans le vélo », souligne-t-il avec malice.
Une évolution globale à laquelle le « chef de village » est particulièrement attentif. Impliqué dans de nombreuses organisations professionnelles et économiques, dont Mobilians, Bertrand Macé agit tout en observant avec attention les tendances, afin de mieux les anticiper au sein de son groupe. Ainsi, l’arrivée des groupes de distribution automobile dans le deux-roues apporte de bonnes pratiques mais n’est pas une diversification facile. « Ils apportent un certain professionnalisme, notamment sur certains sujets, mais ils partent de l’idée que la moto est identique à l’auto. Pourtant, les moyens ne sont pas les mêmes et la saisonnalité est élevée. Ils doivent apprendre les codes de la moto », observe-t-il. « Il faut entrer dans la moto avec humilité et se méfier des a priori », souligne le dirigeant. D’autant plus que « les concessionnaires deux-roues se sont professionnalisés. Nous devons allier ce professionnalisme à notre relation humaine avec le client », poursuit-il. Un atout incontestable dans cet univers encore mû par la passion. « Dans le village, nous avons beaucoup de monde chaque samedi. Nous sommes davantage qu’une simple concession pour tous les gens qui viennent ici. Mon métier consiste à garder ces valeurs », explique le dirigeant.
Un point de repère
Le Village Motos possède une part de marché de 55 % sur la ville de Nantes grâce à ses nombreuses marques généralistes et premium (CF Moto, Honda, Hyosung, Indian, Kawasaki, KTM, Kymco, Royal Enfield, Suzuki, Triumph et Zontes). Le groupe rayonne même sur tout le département de la Loire-Atlantique (44), notamment grâce à la représentation de certaines marques peu présentes. « Notre marché ressemble à celui d’autres grandes villes, à l’exception du commuting, qui est moins développé sur Nantes en raison d’une circulation plutôt facile en voiture et de la présence de bons transports en commun », observe Bertrand Macé. Cependant, certaines marques comme Triumph et Indian sont moins représentées dans la région, ce qui permet au distributeur de détenir une part de marché supérieure à la moyenne avec ces constructeurs. Au total, le site vend plus de 2 000 machines par an, dont deux tiers en neuf et un tiers en occasion.
La moto loisir étant prédominante, le site immatricule plus de grosses cylindrées que de petites, avec une propension pour les roadsters. « Beaucoup de balades sympas consistent à aller en bord de mer, qui se situe à 40 minutes, donc un roadster suffit, contrairement à d’autres régions qui privilégient les GT, par exemple », explique-t-il. Sans surprises, la première marque du village reste Honda, qui devrait réaliser 600 unités cette année, sur une surface de vente de 550 m2. Le site possède deux magasins d'équipements, dont un en marque propre et un autre sous l'enseigne Moto-Axxe. Le chiffre d’affaires global du pôle s’élève à 24 millions d’euros et à 3,5 millions d’euros pour les deux magasins de vélos, malgré un retournement du marché en 2023.
Le vélo, extension naturelle
Avec l’arrivée des points de vente de Nantes et Angers dans le groupe A2roo, ce dernier est devenu l’un des principaux acteurs sur ces zones. L’objectif est d’étendre cette présence, toujours sous l’enseigne Mondovélo, qui appartient au groupe Sport 2000. Cette activité profite de l’expérience de Tony Renac, associé de Bertrand Macé au sein d’A2roo et spécialiste du vélo, notamment en tant qu’ancien du groupe Décathlon. « Nous percevons un vrai changement dans la mobilité au sein des villes et nous voyons de plus en plus de vélos sur chaque édition de l’EICMA. Finalement, quelles seront les différences dans le futur entre une moto électrique et un vélo électrique ? Est-ce qu’on ne prépare pas l’avenir en se lançant dans cette activité ? », suggère le dirigeant. Un prolongement naturel qui renforce la détermination de Bertrand Macé. « Je reste convaincu que le deux-roues est l’avenir de la mobilité individuelle. C’est la solution la moins polluante et elle utilise les infrastructures en place ». Cette foi dans le deux-roues s’accompagne d’une approche attentive de la relation client.
Privilégier le client
Dès sa découverte du commerce du deux-roues, Bertrand Macé a apprécié la relation particulière avec une clientèle souvent passionnée. « Cela reste aujourd’hui un des aspects que j’aime le plus dans cet univers », confirme-t-il. « Nous devons connaître et reconnaître nos clients, c’est notre force. L’humain est au cœur de notre métier ». Ouvert depuis 23 ans, le village accueille aujourd’hui sa deuxième génération d’acquéreurs. « Nous voyons arriver les enfants de nos plus anciens clients mais nous vivons aussi un recul de l’âge limite des pratiquants », explique le dirigeant. « L’après Covid nous a apporté de nouveaux acquéreurs. Nous avons vécu quelques années avec des primo-accédants de 45 à 50 ans mais depuis l’année dernière, des clients plus jeunes reviennent et les femmes sont de plus en plus nombreuses », souligne-t-il. Un rajeunissement notamment rendu possible par le maintien d’une offre produit attirante et financièrement accessible malgré l’inflation et la montée en gamme de certains constructeurs.
Vigilant sur les stocks
Si le Covid a joué sur la typologie des clients, ses conséquences se sont prolongées en matière de relation avec les constructeurs. « Les marques ont davantage pris conscience du facteur humain et de la dimension de partenariat les liant à nous », observe Bertrand Macé. Cependant, la largeur et la profondeur des gammes ont généré une hausse importante des stocks, avec un taux de rotation inférieur. « Cette hausse des stocks accompagnée d’une faible rotation pourrait être dangereuse si le marché tousse », avertit le dirigeant. Cette augmentation aurait atteint 20 % en 2023 et ce début d’année serait sur la même tendance. « Le marché 2023 a été bon, nous croisons les doigts pour que ce soit le cas cette année », souligne Bertrand Macé. En étant devenu un véritable lieu de vie, le Village Motos a mis le facteur humain de son côté. L’atout numéro un pour son dirigeant.
