L'édition 2024 du Tour Auto a lieu du 23 au 27 avril, entre Linas-Montlhéry et Biarritz. Il s'agit d'une traversée de la France avec des véhicules historiques ayant marqué le Tour de France automobile lorsque cette compétition existait encore.
© Jérémy Lequatre-Garat
La 33e édition du Tour Auto s’est élancée ce mardi 23 avril 2024. Plus de 240 équipages se donnent à cœur de (re)faire le show avec des véhicules de collection ayant marqué, à leur époque, le Tour de France automobile. Auto-Infos a pris part à la première étape…
6h10. Le top départ vient d’être donné. Les près de 250 véhicules de collection inscrits à cette 33e édition du Tour Auto s’élancent progressivement du Hall 6 de Paris Expo Porte de Versailles, où ils étaient présentés au public, pour rejoindre l’autodrome de Linas-Montlhéry (Essonne). Les premiers arrivent vers 7h00, quelques dizaines de minutes à peine avant le coup d’envoi de la première étape de cette compétition mettant à l’honneur les voitures ayant participé au Tour de France automobile. Nous sommes le mardi 23 avril 2024 et le lever du soleil annonce d’ores-et-déjà une journée ensoleillée, malgré des températures qui peineront à dépasser les 8° à midi. Mais qu’importe que certains peinent à redémarrer à cause du froid, les véhicules se préparent à débuter leur premier tour sur le circuit fêtant son centenaire.
Qu’ils participent dans la catégorie Régularité ou en Compétition, les équipages misent sur la fiabilité de leurs modèles, dont certains atteignent facilement les 50 ans. C’est également la raison pour laquelle l’aventure du Tour Auto est avant tout collective. Les pilotes comptent sur la précision de leurs copilotes, roadbook en mains, quand tous espèrent que leurs mécaniciens sauront répondre à tous les potentiels imprévus. Tiens, en voilà d’ailleurs un. Alors que les premiers participants se sont élancés sur l’anneau de Montlhéry il y a plus d’une heure, une Jaguar Type E sort de piste. Beaucoup de tôle cassée pour celle qu’Enzo Ferrari qualifiait de « plus belle voiture du monde. » Elle est évacuée sur remorque. Et ce ne sera pas la dernière, entraînant un important retard sur les horaires de passage.
Comme au Tour de France, avec des fans sur le bas-côté
La piste et les pneus sont froids, certains passages du circuit routier requièrent beaucoup de maîtrise. Ce ne sont pas les Ford Capri et Lancia Stratos, sorties dans les heures suivantes sur le même tracé, qui diront le contraire. Après quelques tours de piste vient le moment de regagner un autre circuit, en la personne du Bugatti au Mans (Sarthe). Si la première épreuve à Montlhéry était fermée au public, quelques dizaines de passionnés se nichent sur les routes alentours pour réaliser les meilleurs clichés des participants. Ces derniers doivent parcourir 76 kilomètres d’autoroute vers le sud, avant de continuer par différentes départementales jusqu’à cette portion de l’asphalte des 24 Heures du Mans. Là-encore, beaucoup de curieux et de fans d’automobile, qui cette fois ont la possibilité de s’installer gratuitement dans les tribunes.
En partant de Montlhéry, nous avons fait le choix de suivre une très belle Fiat 850 Moretti Sportiva, immatriculée en Suisse et déjà présente en 2023. En Régularité, l’Italienne ne cherche guère à doubler sous la célèbre courbe Dunlop. Mais après cinq ou six tours au Mans, la Moretti libère soudainement quelques fumées blanches irrégulières de son pot d’échappement. Les commissaires de piste décident de l’arrêter. La voiture cale immédiatement. « Pas de doute, c’est le joint de culasse », lâche le mécanicien suisse accompagnant la Fiat 850. Manque de chance, il n’a pas la pièce. « Il faudrait aussi vérifier que la culasse n’est pas fendue », se lamente Sylvio, le propriétaire, qui préfère abandonner plutôt que de batailler pour trouver le précieux joint dans la Sarthe. Autour de lui, d’autres équipages d’assistance s’activent à remettre sur roues leurs voitures.
Les équipages d’assistance brillent en public
En plus de rappeler que certains modèles d’une soixantaine d’années ne sont plus forcément aptes à être tiraillés sur circuit, le Tour Auto montre que l’entretien et les compétences humaines restent les clés du succès. Certains participants sont venus entourés de jusqu’à cinq mécaniciens et rien ne semble être en mesure de les empêcher d’avancer. Arrêtée sur une route départementale près du Mans, la Ford Mustang du présentateur François Allain arrivera bien à la Grange de Meslay (Indre-et-Loire) pour la fin de la première étape. Le lendemain, nous aurons également la surprise de revoir la Ford Capri accidentée à Montlhéry. Car après les passages sur la piste du Circuit Bugatti, c’est bien à Tours qu’ont rendez-vous les participants, parfois escortés par les motards de la garde républicaine pour se rendre entre les différentes haltes de l’itinéraire.
Parmi les plus anciennes fermes fortifiées de la France du XIIIe siècle, l’arrivée à la Grange du Meslay marque la fin d’une longue première journée dans ce Tour Auto 2024. « Ça s’est bien passé de notre côté », nous rassure Erwan, qui participait à cette première étape comme copilote et prendra le volant d’une BMW 2002 Turbo le lendemain. Les passionnés sont arrivés en nombre dès la fin d’après-midi pour admirer les premiers véhicules mais également les démonstrations des mécaniciens dans le parc fermé. Ils disposent alors de quelques heures pour fiabiliser des voitures considérablement sollicitées.
Des participants et des modèles internationaux
Pour certains modèles, les pneumatiques et les disques de frein sont changés. Pour d’autres, un simple rajout d’huile devrait pour le moment suffire. Les coups de clé à choc se mêlent au bruit des moteurs à peine réglés mais déjà prêts à repartir. Nous rencontrons alors José Da Rocha, gérant du Classic Garage à La Norville (Essonne) et spécialisé dans la restauration des voitures anglaises. « Je participe avec une Austin-Healey mais je garde à œil sur d’autres modèles, glisse-t-il, ils sont nombreux à être passés par mon atelier avant de venir au Tour Auto. » Qu’en est-il de la Jaguar Type E championne en titre ? « C’est le parfait exemple », sourit l’une de ses filles. Car l’aventure se vit ici en famille.
À regarder de plus près les véhicules, on s’aperçoit que certains ont d’ailleurs fait le déplacement de loin pour vivre la passion de cette compétition. Drapeaux belges, suisses, américains, espagnols et même argentins se mêlent sur les carrosseries des concurrents. Pour ce qui est des modèles, les BMW – M1, 2002, 3.0 CLS etc… – sont présentes en force parmi les participants comme chez les organisateurs. On retrouve également de nombreuses Jaguar Type E et Austin Healey, des De Tomaso Pantera, une Bugatti Royale, une Chevrolet Corvette C3, des Porsche 356 et 911, une Peugeot 404 ou encore une Ford GT40. « On ne peut pas dire que c’est comme remporter une course de championnat, mais quand même, gagner le Tour Auto, ce n’est pas rien », concède Thomas, la vingtaine et ayant fait le déplacement à Tours pour admirer la Ferrari 512 M.
Arrivée prévue au Pays Basque
L’obscurité envahit la bâtisse classée Monument Historique. Les voitures se préparent à une froide nuit avant un départ matinal. À l’issue de la première étape, le nombre d’abandons ne semble pas être si important. Les équipages les mieux équipés et les plus finement préparés sont les plus à même de poursuivre jusqu’au cinquième jour. Cette année, l’arrivée est prévue le samedi 27 avril à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Mais il faudra encore assurer de nombreux kilomètres et d’autres exigeants tours de piste avant d’arriver sur la Côte basque. Nous concernant, la fin du Tour Auto est actée en Touraine. De la même manière que certains malchanceux, nous rebroussons chemin avant de potentiellement revenir l’année prochaine. Pourtant, c’est promis, nous n’aurions eu besoin que d’un appoint d’huile pour continuer.
