De l’obsolescence programmée au risque de « voitures jetables »

De l’obsolescence programmée au risque de « voitures jetables »

Face à des coûts d’usage cachés et à une durée de vie limitée des véhicules électriques et connectés, l’association HOP tire la sonnette d’alarme.

© ©ACE Team

La capacité des véhicules thermiques de dernière génération et des modèles électriques à être réparée, interpelle l’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP). Dans son étude, elle pointe aussi les conséquences des réglementations et des technologies numériques qui limiteraient de facto la durée de vie des voitures.

« La route de la fast-fashion dans le secteur automobile est ouverte », alerte Laetitia Vasseur, déléguée générale et co-fondatrice de HOP. La durée de vie des véhicules est estimée à 19 ans, mais les réglementations accélèrent leur obsolescence, estime la représentante de l’association. « Le secteur automobile est au cœur d’une transition, puisque d’ici à 2050, il ne devrait plus y avoir de véhicules thermiques en circulation, poursuit-elle. Cette mutation conduit à une obsolescence accélérée de la flotte actuelle de véhicules individuels et à l’électrification progressive du parc automobile ».

Outre l’interdiction à la vente des véhicules thermiques neufs en 2035, l’instauration des ZFE, zones à faible émission, alimente également la mise à l’écart de 34% du parc roulant (une mesure toutefois assouplie qui se limite désormais à Paris, Lyon et Strasbourg). Sous la menace des indicateurs CAFE, les constructeurs s’emploient aussi à électrifier leurs ventes.

La durée de vie des batteries menacée

Face à la transition énergétique engagée à marche forcée vers l’électrique, certains constructeurs de véhicules optent pour des batteries rendues irréparables, avance l’association. La moitié des constructeurs seulement proposent des batteries réparables. « Aujourd’hui, si une batterie dysfonctionne ou est endommagée par un accident, rien n’assure l’automobiliste de la disponibilité de la batterie, ni de pouvoir la réparer ou la remplacer par une neuve ou reconditionnée », une pièce qui représente pourtant 40% de la valeur d’un BEV.

Rappelons que les garantisseurs tels que Opteven et WTW NSA s’emploient à favoriser la réparation des batteries de traction, ou le recours à des batteries reconditionnées. Des équipementiers comme Bosch testent également des programmes de remplacement des cellules. La question étant de savoir qu’elle sera la marge de manoeuvre des réseaux aftermarket face à des constructeurs qui tendent à garder la mainmise sur ces prestations.

L’obsolescence logicielle des véhicules connectés

Car l’automobile est en passe de devenir un véritable Smartphone sur roues. La réalité promet de s’accélérer encore un peu plus, avec le développement des plateformes SDV, Software Definied Vehicle. Outre la miniaturisation des composants, le risque d’obsolescence des logicielles, la complexification d’intervention pour les réparateurs, l’indisponibilité des pièces de rechange ou encore l’entrave à l’accès aux données (malgré la mise en place de l’agrément SERMI, Security-Related Information to Repair and Maintenance Information), constituent autant de pratiques remettant en cause le droit à la réparation des automobilistes à un prix abordable, estime l’association.

Dans une optique de réduction des coûts de production, les constructeurs comme Tesla et BYD ont développé par ailleurs un modèle d’assemblage basé sur le giga-casting. La pratique industrielle consiste à mouler dans un seul bloc de nombreuses pièces de la voiture. Mais elle pourrait augmenter considérablement le prix de la réparation et obligerait à jeter une grande partie du véhicule après un accident, dénonce l’association.

Un indice de réparabilité des véhicules

Globalement, le secteur de la réparation automobile se confronte à des problématiques relatives à la démontabilité des véhicules, l’accès aux pièces détachées et aux composants, pointent encore les autrices de l’étude. La présence croissante de l’électronique et des logiciels embarqués dans les véhicules, fait croître aussi le risque d’obsolescence technologique.

Alors que l’entretien et la maintenance apparaissaient bien « huilé », Laetitia Vasseur interpelle sur « l’avènement des véhicules jetables. » L’association prône l’instauration de garanties de réparabilité des batteries, la mise en place de normes de réparabilité  avec des pièces démontables et disponibles pendant au moins 20 ans. La mise en place d’un indice de réparabilité viserait également à informer le consommateur au moment de l’achat sur les coûts d’entretien et de réparation qu’il devra assumer tout au long de la vie du véhicule.

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