Le constructeur estime que les conditions actuelles de marché ne sont pas réunies et qu'il génère suffisamment de cash-flow pour s'autofinancer.
© Renault Group
Nouvelle entité de Renault Group dédiée aux véhicules 100 % électriques et au software, Ampere devait être introduite en Bourse début 2024. Mais les conditions de marché « ne sont plus celles qu'elles étaient » au moment du lancement du plan Renaulution. Le Losange renonce donc à cette opération. Un camouflet pour Luca de Meo ?
La Renaulution lancée par Luca de Meo pour redresser Renault Group porte du fruit. Peut-être même plus rapidement que prévu.
Opérationnelle depuis le 1er novembre 2023 – et indépendante – la nouvelle filiale Ampere, présentée comme un « pure-player européen du véhicule électrique et du software » selon ses concepteurs, ne sera pas introduite en Bourse. Une décision « pragmatique », selon le P-DG du groupe automobile français, qui tablait sur une valorisation avoisinant les 10 milliards d'euros. Un objectif régulièrement mis en doute par plusieurs analystes.
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« Compte tenu des conditions de marché actuelles et des niveaux de cash-flow plus élevés que prévu, Renault Group a décidé d’annuler le processus d’introduction en Bourse d’Ampere », fait savoir le Losange. En conséquence, Renault Group va continuer à assurer le financement d'Ampere « jusqu’à l’atteinte de l’équilibre financier prévu en 2025 », est-il encore souligné.
L'annulation de l'IPO d'Ampere ? « Une décision pragmatique » pour Luca de Meo
« Je suis extrêmement fier de nos équipes qui ont créé en moins de deux ans avec Ampere la meilleure réponse à la concurrence. En créant un business entièrement dédié aux véhicules électriques et au software, nous avons construit en un temps record une entité compétitive et agile : nous avons une culture de start-up qui nous permet d’innover en permanence. Aujourd’hui, nous avons pris une décision pragmatique. Nous sommes tous concentrés sur l’exécution de notre stratégie et sur la construction de notre track-record afin de créer de la valeur pour toutes nos parties prenantes », justifie plus longuement Luca de Meo, CEO de Renault Group & CEO d’Ampere.
Les bons résultats financiers de Renault Group suffisent dans l'immédiat à financer les activités électriques d'Ampere
D'un point de vue plus comptable, il semble que les bons résultats de Renault Group en 2023 ont conduit le conseil d'administration de l'entreprise à prendre cette décision. Au niveau commerce, le groupe français (avec ses marques Alpine, Dacia, Mobilize et Renault) a connu une croissance de 9 % et écoulé l'an passé 2 235 345 véhicules dans le monde (dont 390 484 unités en France).
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Une lecture plus financière de la situation fait état d'une « amélioration de la performance atteignant des niveaux dépassant les attentes initiales au cours des derniers semestres ». Ainsi, « la capacité du groupe à générer du cash durablement pour financer son futur » est retrouvée. Nul besoin donc – dans l'immédiat – de se tourner vers les marchés financiers.
La « guerre des prix » à laquelle se livrent les constructeurs de véhicules électriques – dont Renault – aurait-elle refroidi les marchés financiers ?
L'industrie automobile, jugée encore trop polluante et dont la lente transition énergétique est consommatrice de cash, n'a plus bonne presse sur les marchés financiers. Aussi, les investisseurs ne se bousculent plus.
La guerre des prix qui sévit entre les constructeurs de véhicules 100 % électriques – faisant chuter de plusieurs milliers d'euros, parfois du jour au lendemain, le prix de vente des véhicules – en réponse à l'arrivée des constructeurs chinois sur le marché du véhicule zéro émission semble effrayer les plus téméraires d'entre-deux. Chez Renault Group, cette tactique commerciale a été récemment utilisée sur la Renault Mégane E-Tech Electric, le premier véhicule badgé Ampere, comme sur la petite Dacia Spring.
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À noter que, si Nissan et Mitsubishi – les partenaires de l'Alliance profondément remaniée – ont toujours la possibilité d'investir dans Ampere, avec ou sans IPO, l'apport en cash de Qualcomm semble compromis. De l'aveu même de Luca de Meo et Thierry Piéton, le directeur financier du groupe. La prise de participation de cette entreprise spécialisée dans les microprocesseurs et télécommunications étant conditionnée à une introduction en Bourse. Quoi qu'il en soit, la crédibilité de Luca de Meo à la tête de Renault Group ne semble pas être remise en question, selon le principal intéressé.
