Fabriquer du résultat avec des salaires décents, l’objectif de Michelin vanté au grand jour

Payer 132 000 salariés avec un salaire digne de son nom, est-ce réellement faisable ? Michelin répond par la positive, et le prouve avec un bilan financier 2023 marqué par une augmentation de ses résultats opérationnels. Dans un entretien accordé à nos confrères du Parisien, Florent Ménégaux, le président du groupe Michelin, révèle ainsi que l’ensemble de ses salariés est payé davantage que le salaire minimal, et cela dans la totalité des pays où l’entreprise est présente. La Chine, les Etats-Unis et donc la France ne font pas exception. « C'est un engagement logique vis-à-vis de tous les salariés du groupe », explique-t-il, rejoignant ainsi les mesures sociales prises par les fondateurs André et Édouard Michelin, qui avaient fait construire des habitations et des écoles pour les employés de son usine Cataroux à Clermont-Ferrand il y a plus d’un siècle.

Le SMIC « n’est pas suffisant » pour Michelin

Dans le détail, Florent Ménégaux confie qu’il considère qu’un salaire annuel minimal jugé « décent » dans la capitale française est de 39 638 euros, soit le double du SMIC. Ce montant évolue ainsi en fonction des régions, puisque le coût de la vie est différent en dehors de Paris. Ainsi, au siège de Clermont-Ferrand, le salaire acceptable est estimé à 25 356 euros, soit environ 25 % de plus que le SMIC, fixé à 21 203 euros annuel. « Le salaire minimum en France n'est pas suffisant aux yeux de Michelin pour répondre à ce que nous estimons être un salaire décent, qui doit permettre à une famille de quatre personnes, deux adultes et deux enfants, de se nourrir, mais aussi de se loger, de se soigner, d’assurer les études des enfants, de se constituer une épargne de précaution, d’envisager des loisirs et des vacances », précise-t-il.

Est-ce pour cela que Michelin se présente très régulièrement à la première position des grandes entreprises françaises préférées dans le pays ? Ce n’est pas impossible. Florent Ménégaux montre en tout cas l’exemple. Le dirigeant est d’ailleurs le représentant en France du programme Global Compact, mis en place par l’ONU pour promouvoir une société plus durable. Après une enquête externe, Michelin s’est aperçu que même les critères de l’organisation ne permettaient pas à l’ensemble des travailleurs de ne « pas être en mode survie. » Aujourd’hui, il assure au Parisien qu’aucun de ses employés n’est dans le besoin financier. Une mesure qui a pris trois ans pour s’imposer au sein des plus hautes sphères du pneumaticien tricolore. Michelin peut également se vanter d’offrir une excellente « protection sociale universelle », en France et au-delà, garantissant notamment l’accès aux soins.

Une revalorisation annuelle des salaires

Cela résulte du programme « Michelin One Care », mis en place à la suite de la pandémie, durant laquelle 50 collaborateurs du groupe ont perdu la vie. Dans son interview, Florent Ménégaux veut montrer que l’on peut sacrifier une partie de ses bénéfices au profit de ses employés et donc de ses résultats. « Michelin reste le leader mondial du pneu et enregistre une croissance de sa rentabilité. Les salariés, lorsqu’ils sortent du mode de survie, s’engagent plus fort, améliorent leur performance et, au bout du bout, fabriquent du résultat », analyse fièrement le patron du bibendum. Conscient de l’inflation au niveau mondial, Michelin s’est engagé à revaloriser son « salaire décent » par pays en suivant les indications de l’ONG Fairwage. Attention néanmoins aux suppressions de postes envisagées à partir de 2025 en Allemagne et en France.