Électrique : la folie des grandeurs de l’État qui vise les 800 000 ventes en 2027

Électrique : la folie des grandeurs de l’État qui vise les 800 000 ventes en 2027

Malgré les doutes entourant la fin du véhicule thermique en 2035, le nouveau contrat de filière prévoit d’accélérer la vente de modèles électriques VP comme VUL.

© Ford

Le gouvernement a dévoilé un nouveau contrat de filière qui annonce un objectif ambitieux, voire même surréaliste, en ce qui concerne les ventes de véhicules électriques. Avec une cible de 800 000 modèles dès 2027, représentant ainsi 45 % du marché, cette annonce suscite autant d'intérêt que de questions sur sa faisabilité.

Augmenter les ventes de véhicules électriques de près de trois fois en l'espace de quatre ans pour atteindre une part de marché de 45 % est l'objectif fixé. L'année dernière, 300 000 modèles entièrement électriques ont été vendus, et le gouvernement français, en collaboration avec l'industrie automobile, aspire à promouvoir davantage l'adoption de ces véhicules. Au vu des investissements consentis par les deux parties, il est difficile d'imaginer une autre issue.

Reste que sur un marché sous perfusion des aides de l’État, la réalité est loin du compte. Après le succès du leasing social, le marché de l’électrique demeure en effet poussif en France comme en Europe. Le pragmatisme des automobilistes l’emporte sur une technologie inaccessible pour la plupart des acheteurs. Rappelons que le prix moyen d’un VE atteint 42 000 euros, selon AAA Data. Les questions de l’autonomie, de la recharge (400 000 bornes sont prévus en 2030), d’une hausse des primes d’assurance, voire d’un retour de la vignette interrogent aussi, tout comme le coût de l’électricité et des frais de réparation.

Cependant, malgré les aides de l'État qui soutiennent le marché, la réalité est bien en deçà des attentes. Après le succès du leasing social, l'adoption des véhicules électriques reste modérée en France et en Europe. Le pragmatisme des conducteurs prévaut sur une technologie qui demeure hors de portée pour beaucoup d'acheteurs. Des préoccupations telles que l'autonomie, la disponibilité des bornes de recharge (prévues à 400 000 d'ici à 2030), une éventuelle augmentation des primes d'assurance, voire le retour de la vignette, suscitent des interrogations, tout comme les coûts liés à l'électricité et aux réparations.

Acter la fin du thermique en 2035

L'annonce du gouvernement semble confirmer la volonté d'interdire la vente de véhicules thermiques neufs d'ici à 2035, semblant faire peu de cas de la clause de révision prévue pour 2027 et des résultats des prochaines élections européennes. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, soutient ces choix stratégiques sans fournir de détails sur les budgets nécessaires pour les concrétiser. Cette année, une enveloppe de 1,5 milliard d'euros a été allouée au verdissement du parc automobile, malgré une réduction significative du bonus écologique.

Face à cette orientation, plusieurs constructeurs prennent conscience que ce sont finalement les consommateurs qui dicteront le rythme de la transition énergétique, ce qui les pousse à revoir leurs ambitions. « Désormais, ce sont les clients et les conditions du marché qui détermineront le rythme de la transformation énergétique », a déclaré Ola Kaellenius, P-DG de Mercedes-Benz, cet hiver. Renault adopte également une approche prudente en doublant ses gammes avec des variantes thermiques de ses modèles électriques, et vice versa. De son côté, Stellantis a annoncé qu'il définirait ses priorités d'investissement dans l'électrique pour les dix prochaines années en fonction des résultats des prochaines élections européennes et américaines.

100 000 VUL électrique ou hydrogène en 2027

Il est important de souligner que le contrat de filière vise également à accélérer la transition vers les véhicules utilitaires. Le secteur prévoit ainsi de multiplier par six d'ici à 2027 les ventes de VUL 100 % électriques ou à hydrogène, pour atteindre les 100 000 modèles en 2027. Cependant, compte tenu des coûts d'achat et du coût total de possession (TCO) de ces versions, il n'est pas certain que le bonus écologique de 3 000 euros soit suffisant pour convaincre les artisans, les PME et les gestionnaires de parc à franchir le pas.

« Le contrat ne présente pas de dimension budgétaire »

Le contrat stratégique de filière 2023-2027 ne comporte pas de volet budgétaire spécifique, mais il réaffirme l'engagement de l'État à maintenir les dispositifs de soutien à l'achat et à la location de longue durée (bonus, leasing électrique, suramortissement pour les professionnels, soutien spécifique pour les poids lourds) jusqu'en 2027, remarque Mobilians dans son communiqué.

Selon le représentant de la filière aval de l'automobile, il est également crucial de mettre en perspective les défis auxquels la filière est confrontée. Avec l'objectif ambitieux d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050 et la nécessité de réduire de 100 % les émissions de CO2 des nouveaux véhicules légers dès 2035, « la filière doit relever le défi de la décarbonation tout en proposant une mobilité abordable, compétitive et soutenant notre souveraineté économique », dans un contexte de concurrence internationale de plus en plus intense.

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