Interview

« Tout comme son aïeule la R5, la Renault 5 E-Tech Electric est un véhicule qui se démarque »

« Tout comme son aïeule la R5, la Renault 5 E-Tech Electric est un véhicule qui se démarque »

Dominique Jacson, responsable de la valorisation de la collection chez Renault, a joué avec nous au jeu des différences entre R5 et Renault 5 E-Tech Electric.

© Clotilde Gaillard

Dominique Jacson, responsable de la valorisation de la collection chez Renault décrypte et analyse pour nous l’héritage de la R5 distillé au travers de la dernière citadine électrique du Losange, la Renault 5 E-Tech Electric.

« The originals Renault la collection » rassemble 800 voitures mythiques de la marque tricolore sur l’usine de Flins. Un cheptel – qui n’est pas un musée et n’est donc pas accessible au grand public – à la tête duquel se trouve Dominique Jacson. Pour faire découvrir l’histoire de Renault à travers cette collection, cette dernière prend part à de nombreux évènements, notamment la révélation presse de la Renault 5 E-Tech Electric. C’est à cette occasion que nous avons pu échanger avec le responsable de la valorisation de la collection chez Renault, gardien de la mémoire automobile du groupe et dépositaire d’anecdotes passionnantes.

L'Automobile & L'Entreprise : Pouvez-vous nous détailler les trois véhicules de collections dont découle la Renault 5 E-Tech Electric ?

Dominique Jacson : La verte est une R5 L de 1972, la jaune une version TL de 1974 et la plus radicale, la rouge, une R5 Turbo de 1982. On peut voir que la R5 verte a un logo en forme de losange peu commun qui n’a pas été conservé longtemps puisqu’une autre marque le trouvait trop similaire au sien et menaçait Renault de procès. Cette mouture est donc très rare, il en existe peu d’exemplaires.

R5 verte

© Clotilde Gaillard

Concernant la version sport de la R5, il y a eu plein de versions dynamiques à commencer par la R5 Alpine puis la Turbo car Renault s’inscrit comme un constructeur pionnier de la technologie turbo, introduite sur les courses d’endurance comme les 24 Heures du Mans. La volonté de mettre un moteur turbo dans la R5 pour le rallye a toutefois engendré une contrainte de taille, car la R5 est une voiture toute petite – elle mesure seulement 3,50 mètres de longueur et a une vocation urbaine. Son moteur turbo ne se situe donc pas sous le capot mais en position centrale arrière, ce qui a aussi nécessité des ailes élargies. La Turbo a ainsi pu s’illustrer en compétition et a été pilotée par de grands noms comme Jean Ragnotti. De fait, les équipes ayant œuvré au développement de la Renault 5 E-Tech Electric se sont inspiré des modèles antiques pour capter l’esprit audacieux et polyvalent de la R5.

L'Automobile & L'Entreprise : Pourquoi avoir choisi ce modèle comme source d’inspiration ?

Dominique Jacson : L’idée n’était pas de faire une voiture vintage mais bien de réinterpréter des éléments caractéristiques de la R5 d’époque dans une voiture d’aujourd’hui pour répondre aux enjeux contemporains. Chacune en leur temps, toutes deux arrive au bon moment sur le marché puisque la version historique a été conçue à la fin des années 1960, après mai 68 et Woodstock. Une époque marquée par plusieurs phénomènes, notamment l’émancipation de la jeunesse, des femmes dont la vie professionnelle leur demandait de posséder une voiture pour aller au travail, le développement des banlieues et des supermarchés... Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le coffre de la R5 a été conçu pour contenir le volume d’un caddie !

R5 héritage

© Clotilde Gaillard

Bref, toute cette nouvelle clientèle avait besoin d’un anticonformisme qu’a su apporter la R5 avec ses couleurs pop – véritable arc-en-ciel sur les routes – et sa bouille sympathique au regard espiègle qui se retrouve sur la nouvelle version. Il est également amusant de constater l’aspect cyclique de leur lancement respectif puisque la période actuelle induit aussi un besoin de fun. La R5 est enfin arrivée au bon moment car, avec le choc pétrolier de 1973, elle correspondait à la nécessité de préserver le besoin de pouvoir d’achat en consommant peu de carburant.

R5 1974

© Clotilde Gaillard

Pour preuve : la version TL, la mieux vendue, a été développée exprès pour s’inscrire sous la barre des 5 litres/100 km avec sa boîte aux 5 vitesses rallongées pour moins faire travailler le moteur. Une voiture précurseure de l’éco-conduite en somme. Il ne faut enfin pas oublier que la R5 a été la première voiture à avoir des pare-chocs en matériaux composite et pas proéminents, contrairement à ceux de l’époque. Un élément ingénieux qui permettait d’absorber les petits chocs notamment de stationnement lors des créneaux, ce qui répondait aussi à sa vocation urbaine et périurbaine.

L'Automobile & L'Entreprise : Et si on faisait un jeu des sept erreurs : quelles similitudes retrouve-t-on entre la R5 et la Renault 5 E-Tech Electric ?

Dominique Jacson : Bien qu’affichant un design universel, la Renault 5 embarque plein de petites références aux anciennes versions, comme autant de petits clins d’œil à débusquer pour ceux qui ont connu la R5 originelle. Au-delà des couleurs et des optiques antibrouillards carrés, on peut donc citer le jonc chromé qui longe les vitres, repris en un liseré rouge sur la Renault 5 E-Tech Electric de 2024. On retrouve aussi les poignées de portes dissimulées dans les montants arrières ou encore, à l’intérieur, les sièges en H très enveloppants qui rappellent ceux « tulipes » de la R5 Turbo. De même, le ciel de toit matelassé, les feux arrière verticaux et positionnés presqu’à la hauteur du hayon, les coutures verticales sur la planche de bord côté passager et le rassemblement de toutes les infos dans le champ de vision du conducteur au niveau du tableau de bord, mais réinterprété de manière moderne avec les écrans, sont autant de détails notables.

R5 TL int

© Clotilde Gaillard

Tout comme son aïeule, la Renault 5 est un véhicule qui se démarque et vise donc une population qui ne veut pas la voiture de Monsieur-tout-le-monde. C’est une philosophie de vie et nous espérons que, comme la R5, la Renault 5 E-Tech Electric va devenir un compagnon du quotidien. Dès lors, nous ne visons la nostalgie, car ce serait le risque de ne se borner qu’à une génération de clients, une tranche d’âge ou une catégorie de population particulière.

L'Automobile & L'Entreprise : D’autres modèles de Renault pourraient revenir sur le marché ou être remis au goût du jour comme la R5 ?

Dominique Jacson : Vous le savez, la Renault 4 arrive bientôt. Renault a aussi annoncé le retour de la Twingo avec un concept car très inspiré de la première génération, dévoilé fin 2023. Cette dernière a d’ailleurs un capital sympathie et un caractère collector similaire à la R5 car elle a marqué toute une génération, mais une différente de celle de la R5. Encore une fois, elle s’inscrit donc dans la philosophie des voitures à vivre, une tendance qui revient sur le marché et vers laquelle Renault entend orienter sa production, pragmatique.

Nous vous recommandons

Ducati lance un Monster dédié à Ayrton Senna

Ducati lance un Monster dédié à Ayrton Senna

Ducati présente une série limitée de son Monster dédiée à Ayrton Senna. Le constructeur poursuit sa stratégie de petites séries exclusives, tout en ajoutant un chapitre à la relation qui unissait dans les années 90 le pilote...

17/05/2024 | MotoDeux roues
Le SUV haut de gamme 100 % électrique chinois Xpeng G9 arrive en France

Le SUV haut de gamme 100 % électrique chinois Xpeng G9 arrive en France

Essai - Isuzu D-Max N60 FF : que donne-t-il dans de vraies conditions 4x4 ?

Essai - Isuzu D-Max N60 FF : que donne-t-il dans de vraies conditions 4x4 ?

Stellantis convoque le souvenir d’Antoine de Saint-Exupéry pour faire vivre la gamme DS Automobiles

Stellantis convoque le souvenir d’Antoine de Saint-Exupéry pour faire vivre la gamme DS Automobiles

Plus d'articles