Défis sans précédent pour les équipementiers : incertitude grandissante face à des marges bénéficiaires en baisse

Le CLEPA (association européenne des équipementiers de l’automobile) et le cabinet McKinsey ont dévoilé les résultats d’une étude portant sur le pouls du marché de l’équipement automobile. Avec plus de 130 réponses, l'enquête offre des perspectives sur le climat des affaires, les tendances ainsi que les défis actuels.

Globalement, un sentiment d'incertitude prédominant conduit 42 % des fournisseurs à exprimer une perspective négative, signalant un déclin du sentiment global de l'industrie.

Les deux tiers des fournisseurs s'attendent à ce que les bénéfices restent faibles, et environ un quart prévoient de fonctionner à l'équilibre ou de subir des pertes. 25 % des fournisseurs anticipent des niveaux de rentabilité marginaux ou négatifs, tandis que seuls 37 % s'attendent à une rentabilité supérieure à 5 %. Alors que près de la moitié des fournisseurs prévoient une augmentation de leurs revenus pour 2024, 31 % prévoient une baisse.

« Les perspectives pour l'industrie équipementière se sont détériorées au cours des douze derniers mois. Alors que certains fournisseurs ont réussi à améliorer structurellement leur base de coûts pendant la COVID-19 et sont maintenant en mesure d'en récolter les bénéfices, la plupart continuent de faire face à des défis significatifs. L'incertitude élevée quant au développement futur du marché et la transition vers les véhicules électriques sont des préoccupations clés » indique Lukas Michor, en charge du marché chez McKinsey.

« Plus de la moitié des fournisseurs européens craignent que les coûts de production ne rendent l'UE non compétitive, et 65 % du secteur fonctionnent à des niveaux de rentabilité insuffisants pour soutenir les investissements. La détérioration du sentiment sur ces deux fronts par rapport à il y a six mois souligne la nécessité d'améliorer la compétitivité de l'UE » commente Benjamin Krieger, secrétaire général de la CLEPA.

Une Europe peu compétitive

L'enquête met en lumière des défis stratégiques, notamment la diminution de la compétitivité de l'UE en raison des coûts de production élevés (54 %) et de la mise en œuvre plus rapide de la technologie dans d'autres régions du monde (39 %).

En réponse, les fournisseurs cherchent à optimiser leurs investissements, notamment dans la R&D, tout en accélérant les cycles de développement de produits et en rationalisant les gains d'efficacité. 58 % des répondants identifient l'optimisation de la production comme essentielle pour obtenir une structure de coûts optimisée, tandis que 54 % soulignent l'importance des gains d'efficacité dans la fabrication.

Des rapports compliqués avec les constructeurs

Les observations révèlent que les fournisseurs sont confrontés à des négociations de prix difficiles de la part des constructeurs, 74 % citant des compensations insuffisantes, suivi de la réduction de la demande (52 %), des perturbations dans la chaîne d'approvisionnement (24 %) et des fournisseurs se tournant vers d'autres industries (20 %). De même, 70 % des répondants accordent la priorité à l'engagement dans des renégociations commerciales avec leurs clients constructeurs pour compenser les coûts de production inflationnistes.

Délaissés par la Chine

Les prévisions indiquent une perspective modeste de croissance des affaires en provenance de Chine, avec seulement 31 % des fournisseurs s'attendant à une part substantielle des futurs contrats de ce marché. La compétitivité des coûts et les cycles de développement de produits sont également une préoccupation spécifique pour les fournisseurs opérant en Chine.

Réaligner les compétences

L'enquête a également révélé le besoin d'embaucher et de développer des talents qualifiés, notamment des ingénieurs en logiciel. Deux tiers des fournisseurs requalifient actuellement leur main-d'œuvre ou prévoient de le faire, ce qui témoigne d’une réponse proactive au défi des talents.